Extrait de l’inventaire topographique de Saint Fiacre
réalisé par la Région des Pays de la Loire
Géographiquement, Saint-Fiacre est une sorte de presqu’ile, resserrée à l’ouest par la confluence des rivières de Sèvre et de Maine qui la cernent, au nord et au sud. Le territoire communal est assis sur du micaschiste, il est particulièrement favorable à la culture de la vigne. Celle-ci s’installe dès la Renaissance pour se pérenniser. On doit noter, à la fin du XVIIe siècle, l’introduction d’un cépage résistant aux gelées, le Melon de Bourgogne, qui produira le Muscadet.
L’épidémie de phylloxera entraine, fin XIXe-début XXe siècle la replantation du vignoble. La création de l’AOC Sèvre et Maine, vers 1930, généralise la viticulture qui occupe aujourd’hui 80 % du territoire communal. Le Saint-Fiacre historique, anthropisé dès le Néolithique, traversé par la voie romaine reliant Poitiers à Nantes, est situé sur le territoire des Hautes-Marches de Bretagne et du Poitou. Il devient paroisse, au XVe siècle sous le vocable de Saint-Hilaire du Coing, alias Saint-Fiacre du Coin. Sous l’Ancien Régime, la paroisse dépend des seigneurs de Goulaine, dont les terres sont érigées en marquisat au XVIIe siècle.
Les liens économiques du vignoble avec le port de Nantes, tout proche, se renforcent aux XVIIe-XVIIIe siècles : négociants et notables nantais y acquièrent des terres, y bâtissent demeures, y assurent aussi parfois les fonctions de procureurs fiscaux ou de sénéchaux des seigneuries locales( à l’exemple de René-Pierre Le Normand du Buisson, arrière grand-père de Victor Hugo). Le bourg, construit sur une proéminence, au centre du territoire, est entouré du vignoble. Les zones de bois, de pâtures et de cultures vivrières sont repoussées en bordure de plateau. Les demeures des grands domaines s’y sont érigées, de manière isolée. L’habitat rural, circonscrit en villages, s’est fixé principalement près des berges de la Sèvre, plus facilement navigable que la Maine. Un chemin relie chaque village à son port et à son magasin. Un important trafic batelier permet l’exportation, vers Nantes, du vin et de l’eau de vie et l’importation de trois quarts des céréales nécessaires à l’alimentation de la population.
Durant la Révolution, l’épisode des Guerres de Vendée, laisse la commune exsangue. Si la reconstruction des domaines a lieu dès le 1er quart du XIXe siècle, celle des villages et du bourg, plus lente, atteint son apogée dans les années 1860-1880, favorisée par la création de trois ponts qui franchissent la Sèvre et la Maine et le tracé des actuelles routes D 59 et D 74, axées est-ouest et nord-sud. En même temps qu’il désenclave la commune, ce nouveau réseau de communication marque le déclin puis la disparition de la batellerie, devenue obsolète.
En 1930, Saint-Fiacre s’accroit d’environ un tiers de son territoire et un tiers de sa population, soit 200 ha et 160 habitants, par l’adjonction de quatre villages et de deux grands domaines viticoles, Chasseloir et Gras Mouton, détachés de la commune de Maisdon -sur-Sèvre. De la Révolution aux années 1950, la population moyenne de Saint-Fiacre oscille entre 550 et 600 habitants.
A partir des années 1960, le nombre d’habitants croît régulièrement, avec une accélération (+ 18%) sur la dernière décennie. Doté aujourd’hui d’environ 1200 habitants pour un territoire de 5,97 km², Saint-Fiacre a vu sa population doubler depuis 1930. Cet afflux est principalement du à l’arrivée de néo-ruraux (ou rurbains) issus de l’agglomération nantaise : après avoir investi le nord de Nantes, dans les années 1960-1980, ceux-ci commencent à investir le Sud-Loire, jusqu’ici préservé par les difficultés de franchissement du fleuve et le contingent réduit du foncier constructible lié à l’Appellation d’Origine Contrôlée du vignoble.
Auteur : Mounier Sylvie
Date d’enquête : 2011
Commanditaire : Région Pays de la Loire.