Dictée enfant
Le secret de maître Cornille
Maître* Cornille venait de sortir. La porte était fermée à double tour ; mais le vieux bonhomme avait laissé son échelle dehors, et l’idée vint aux enfants d’entrer par la fenêtre, voir un peu ce qu’il y avait dans ce moulin.
La chambre de la meule était vide. Pas un sac, pas un grain de blé, pas la moindre farine aux murs, ni sur les toiles d’araignée. On ne sentait pas cette bonne odeur chaude du froment écrasé qui embaume dans les moulins. Le grand chat maigre dormait sur une poutre poussiéreuse. (Fin de la dictée 7 – 10 ans)
La pièce du bas avait le même air de misère et d’abandon : un mauvais lit, un morceau de pain sur une marche d’escalier, et puis dans un coin, trois ou quatre sacs de gravats crevés.
C’était là le secret de maître* Cornille. C’était ces gravats qu’il promenait le soir par les routes pour sauver l’honneur du moulin.
* Variante acceptée : maitre
extrait des « Lettres De Mon Moulin » Alphonse Daudet
Dictée Adulte n°1
Renaissance d’un moulin
Derrière cette haie de cupressus, notre moulin nous apparut dans toute sa nudité. Amputé de ses ailes, décoiffé par les tempêtes, incendié, supplicié telle Jeanne d’Arc au bûcher*, notre paria semblait voué aux gémonies. Seuls, le gazouillis des hirondelles et la parade nocturne des chauves-souris*, lui mettaient un peu de baume au cœur.
Dans ses rêveries, il se revoyait aux temps immémoriaux de l’an mil six cent quatre-vingt-douze* où bardots et bœufs, ployant sous leur faix, charriaient sacs de blé et de farine dans des va-et-vient incessants.
Notre pauvre hère à l’agonie rendait l’âme. Dans un dernier souffle il susurra : « Sauvez-moi ! » Ce râle fit écho et se répandit comme une traînée* de poudre. Les « Amis de Saint-Fiacre » accoururent à son chevet. On s’enquit de la faisabilité de sa réhabilitation. On s’affaira pour lui redonner son lustre d’antan (travail de fourmi et de longue haleine).
On eut à cœur de redorer son blason en le rehaussant du col et en mettant en exergue sa mosaïque de pierres*, ceinte d’un anneau de briques*. Ebahi, médusé, le pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle en restera coi, bouche bée.
« Restaurez-moi de pied en cap ! Coiffez-moi d’un couvre-chef en bardeaux châtain clair de châtaignier ! Quand mes ailes convoleront en justes noces avec Eole, la fée électricité s’invitera, » C’est ainsi que, comme le phénix*, notre moulin renaîtra de ses cendres.
Patrick Catros
* Variantes acceptées : bucher – chauvesouris – mil-six-cent-quatre-vingt-douze – mille-six-cent-quatre-vingt-douze – mille six cent quatre-vingt-douze – renaitra – trainée – pierre – brique – phœnix
L’eau
A Montpellier s’élancent des jets d’eau, se profilent des fontaines, et se devine la Méditerranée. L’eau coule, court à travers vaux et vallons, s’insinue en méandres alanguis. Les sources susurrent ses notes cristallines.
Immuablement, l’eau envahit les rias et les fjords tant vantés par les tour-opérateurs. Elle alimente les noues, elle anime les marées de vive-eau, draine les alluvions abandonnées.
Sur notre planète terraquée, les fagnes, les bayous et les lochs rappellent sa présence. L’aiguail matinal comme les averses mêlées de grésil réjouissent grenouilles et cagouilles.
Jadis, dans les jarres ocre, des amphores brun-rouge ou des alcarazas pansus, des porteurs livraient ce précieux trésor.
Extraits d’une dictée de Bernard Pivot


